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Par Stephane Benoit

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Inventée dans les années soixante-dix par deux Américains, Richard Bandler et John Grinder, la Programmation neuro-linguistique ou P.N.L. est une science de la communication et du changement. Mais c’est aussi et surtout une thérapie des problèmes psychologiques les plus fondamentaux qui tiennent à la structure même de la pensée, des croyances profondes et de l’identité de l’individu, parce qu’elle remet en cause ces croyances, son identité et restructure sa pensée.

Toutes les définitions sont réductrices et omettent le plus souvent une partie du contenu qu’elles prétendent définir. Mais il semble particulièrement difficile de donner une définition simple et unique de la P.N.L. parce que c’est une démarche complexe qui couvre un champ très étendu.

C’est en tout cas une technique qui cherche à résoudre les problèmes de la personnalité en travaillant sur le langage, outil de la communication qui est le moyen de l’apprentissage, de la structuration de la personnalité, de l’identité et de son évolution. Il suffit, pour s’en convaincre, de songer que la réflexion modifie notre personnalité et la fait évoluer et qu’il n’y a pas de réflexion sans langage. Le langage est donc le moyen même de notre évolution et l’outil essentiel — en tout cas le plus évolué — de la communication.

Les spécialistes disent que la programmation neuro-linguistique appréhende la communication non seulement en tant que telle mais encore en tant qu’elle permet de saisir et de modifier la manière dont les individus apprennent, changent et se développent.

La PNL est une « technologie de la communication etdu changement ».

Elle vise, par exemple, à « nous aider à découvrir des réponses » — sinon la réponse — quant à la question du sens de notre vie au moyen de la « perception pré-sensorielle ». Observons ici une faiblesse de la P.N.L. qu’elle avoue par le fait qu’elle dit offrir « des réponses » plurielles. Si la vie a un sens — profond, primordial et ultime —, c’est nécessairement le même sens pour tout le monde. Offrir « des réponses », c’est offrir des sens et on voit alors mal comment il peut y en avoir plusieurs. Par exemple, on peut dire que le sens de la vie est de mourir, puisque, dès la naissance, chaque instant qui passe nous rapproche de la mort, qui est bien le terme logique et apparent de la vie — en tout cas de la vie matérielle du corps. Et, si l’on admet, comme beaucoup, que c’est là le seul sens de la vie, pourquoi diable vivre et ne pas choisir d’aller immédiatement au terme de la vie ?

A cet égard, la pansémiotique semble plus cohérente, dans la mesure où elle postule et montre que la vie a bien un sens qui est la prise de conscience de l’inconscient et que la conscience survit à la disparition du corps.
Cette faiblesse de la P.N.L. vient de ce que ses fondateurs ont axé leur recherche sur la pratique, à l’exclusion de toute théorie préalable, et qu’ils n’ont théorisé que les lois que cette pratique mettait en évidence. Il faut toutefois souligner que la force de la P.N.L. vient aussi précisément de sa démarche essentiellement pratique.

La P.N.L. a été fondée par Bandler et Grinder.

Richard Bandler, né en 1949, mathématicien et informaticien formé à la philosophie et à la logique, est l’initiateur de la P.N.L. C’est en 1972 qu’il a commencé d’étudier la psychologie en organisant un séminaire de recherche à l’université de Santa Cruz (Californie). On raconte qu’il s’est mis à la psychologie parce qu’il n’y avait pas de département d’informatique dans cette université.

Richard Bandler, né en 1949, mathématicien et informaticien formé à la philosophie et à la logique, est l’initiateur de la P.N.L. C’est en 1972 qu’il a commencé d’étudier la psychologie en organisant un séminaire de recherche à l’université de Santa Cruz (Californie). On raconte qu’il s’est mis à la psychologie parce qu’il n’y avait pas de département d’informatique dans cette université.

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Linguiste, John Grinder, né en 1940, était professeur à l’université de Santa Cruz en 1972 et il avait déjà publié deux ouvrages sur la grammaire générative de Chomsky, dont un guide de lecture, quand Richard Bandler lui demanda de superviser sa thèse de doctorat.

Leur rencontre devait les conduire à s’associer pour développer la pratique de la programmation neuro-linguistique.

Bien entendu, la première question que pose cette science est son intitulé plutôt mystérieux et barbare, que Bandler et Grinder ont utilisé pour la première fois, en 1976, dans un ouvrage intitulé Structure of Magic (Structure du magique). Bandler, comme on lui demandait pourquoi il l’avait choisi, répondit : « J’ai adopté ce vocable parce qu’il montrait qu’il ne suffit pas de le lire, pour comprendre de quoi il s’agit ».

Pour savoir de quoi il s’agit, l’ouvrage de A. Cayrol et J. de Saint-Paul, Derrière la magie, nous éclaire :
« Programmation, parce que, tout au long de notre existence, nous nous programmons en mettant en place des façons de penser, de ressentir et de nous comporter que nous employons dans les multiples situations de notre vie. Si nous établissons l’analogie avec l’informatique, le matériel (hardware) est le même : nous avons tous un cerveau et un système nerveux. Ce qui change, ce sont les programmes (software) dont nous disposons pour nous servir de ce matériel.
« Neuro, parce que cette capacité de nous programmer repose sur notre activité neurologique. C’est parce que nous possédons un cerveau et un système nerveux que nous sommes capables de percevoir notre environnement, de penser et de ressentir, de sélectionner des comportements, etc. Les procédures de travail de la P.N.L. agissent directement sur cette organisation neurologique. »
« Linguistique, parce que le langage structure et reflète la façon dont nous pensons. Le discours d’une personne est riche en informations sur la manière dont celle-ci construit son expérience du monde. En empruntant à la linguistique, Grinder et Bandler ont étudié les relations entre langage et pensée et ont transposé ces connaissances dans le domaine pratique de la communication. Ils ont également étendu ces notions à l’étude du langage non verbal. »

Le linguiste Grinder et l’informaticien Bandler sont tous deux docteurs en psychologie. Lorsqu’ils se sont rencontrés, en 1972, ils décidèrent de mettre en commun leurs connaissances pour s’atteler à comprendre quelles étaient les règles de la réussite en matière de communication. Ils pensaient, en effet, que les grands professionnels de la communication utilisent des stratégies et des comportements semblables, même à leur insu et même si c’est inconscient, instinctif ou automatique.

Ils n’avaient pas pour objectif de développer une théorie mais plutôt de créer un modèle efficace. Ils ont donc commencé par écouter et observer les comportements, les stratégies, les procédés utilisés par les maîtres de la communication — ceux pour qui elle est un procédé facile à mettre en œuvre, naturel et automatique. Ils ont cherché à définir « comment ils font réellement » sans s’intéresser aux théories dont ils se réclamaient ou qu’ils pouvaient eux-mêmes avoir. Ils ont donc étudié des thérapeutes comme Virginia Satir (Thérapies familiales), Fritz Perl (fondateur de la Gestalt thérapie), Milton Erickson, père des thérapies brèves et de la Nouvelle Hypnose. C’est à Erickson qu’ils ont le plus emprunté. Mais ils ont également vu beaucoup d’autres professionnels de la communication spécialistes du management et de la pédagogie.

Ainsi ont-ils constaté que, conformément à ce qu’ils pensaient, toutes ces personnes utilisaient, le plus souvent sans le savoir, comme M. Jourdain faisait de la prose, des processus, des stratégies, des comportements identiques et donc reproductibles à volonté.
Ils ont donc observé, puis ils ont fait l’expérience de leur observation et mis leurs conclusions à l’épreuve, pour vérifier leur validité. Enfin, ils ont créé un modèle qui était la synthèse de leurs observations. Ce modèle a donné naissance à de nombreux outils, techniques et procédures de travail pragmatiques et utilisables instantanément.
Ils ont, bien entendu, défini un certain nombre de présuppositions sur lesquelles la P.N.L. est fondée.
D’abord, elle affirme que la « croyance de base » — le noyau de notre identité, de nos croyances, la source de tout comportement — peut être mise à jour.

Pour la P.N.L., nous ne percevons pas le monde tel qu’il est objectivement mais tel que notre perception le filtre subjectivement avant de nous en donner conscience.

Etant donné que nous ne percevons le monde qui nous entoure qu’à travers nos sens et notre cerveau, lequel contient déjà l’idée que nous nous faisons de nous-mêmes — notre identité —, c’est une simple évidence de dire que la conscience que nous avons du monde extérieur est déformée par la conscience que nous avons de nous-mêmes. Ne serait-ce d’ailleurs que parce que notre cerveau va privilégier certaines informations venues de l’extérieur et en exclure d’autres, en fonction de notre propre subjectivité.

On peut en conclure que nous ne percevons le monde et les autres qu’à travers nos a priori et nos préjugés. Selon la P.N.L., notre culture et notre identité — qui constituent ces a priori — nous empêchent d’avoir la « perception pré-sensorielle » — presque objective — que nous avions du monde après notre naissance. La P.N.L. vise à retrouver cette perception pré-sensorielle. On peut se demander si le qualificatif de pré-sensoriel est bien choisi, dans le mesure où même le nouveau-né possède des sens. Sans doute ne sont-ils pas encore très développés mais ils existent tout de même. Il reste toutefois que la perception du nouveau-né n’est filtrée par aucun a priori et qu’elle existe avant même que le sujet ait conscience de son identité et, bien sûr, qu’il ait des croyances.

Selon la P.N.L. la négation — « non » — est un outil performant du côté fonctionnel mais inexistant du côté existentiel. Par exemple, l’inconscient ignore la négation, raison pour laquelle les hypnologues ne font aucune suggestion négative mais uniquement des suggestions positives. Ils ne disent pas : « La fumée ne sent pas bon, vous n’aimez plus la fumée et vous n’allez plus fumer » mais « La fumée sent mauvais, elle vous dégoûte, vous repoussez le tabac ».

Pratiquer la P.N.L. dans la perspective de la perception pré-sensorielle, c’est donner à l’ego les outils dont il a besoin pour comprendre par lui-même ce qui perpétue son existence et, par là même, le préparer à la
« grande remise en question ».

Notre identité est bien évidemment fondée sur nos croyances.

Si, d’un coup, tout ce que nous croyons nous apparaissait comme vain, il est très probable que l’idée même que nous nous faisons de nous-mêmes — notre identité —, les raisons pour lesquelles nous travaillons, les fondements mêmes de notre conduite sociale s’effondreraient d’un coup. Nous serions alors devant une table rase, dans une sorte de néant, face à la question fondamentale du sens même de notre être et de notre existence, avec tout à reconstruire. L’un des objectifs de la P.N.L. est de nous convaincre qu’il est parfaitement possible de « vivre sans aucune croyance » et même d’accepter « de vivre dans l’incertitude et sans repères » car cela nous rapproche de « l’état naturel ». Il s’agit, en somme, de nous débarrasser de notre apprentissage, de notre culture et même de ce que nous croyons être notre identité.

On observera alors que la P.N.L. se présente comme une véritable révolution culturelle de l’être et plus radicale qu’aucune des autres révolutions qu’on a pu connaître et qui étaient des révolutions sociales. Il s’agit cette fois d’une révolution individuelle quasiment absolue qui vise à abolir toute la culture sociale — les a priori — pour fonder une culture de l’être.
C’est ainsi que la P.N.L. peut affirmer que la lecture du monde qu’elle permet « se fait en direct, en amont de tous les apprentissages scolaires et éducatifs ».

La P.N.L. présente alors un caractère paradoxal. En effet, beaucoup de praticiens de P.N.L. proposent leurs services aux entreprises, qui ne peuvent exister que dans le cadre d’une organisation sociale, afin d’aider le personnel à vaincre ses conduites d’échec et à être plus performant. Et beaucoup d’entreprises font appel à des praticiens de P.N.L. pour être plus performantes et améliorer leur communication — alors que la communication publicitaire est totalement fondée sur la culture, l’identité et les a priori.

La P.N.L. se présente comme une méthode efficace qui permet à l’être humain de trouver une réponse aux questions existentielles (ou essentielles) : « Qui suis-je ? A quoi sert la vie ? »

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 Pour elle, la réponse se trouve dans l’être même de l’individu, « à un niveau non intellectuel et non nommable ». Soulignons alors que, tout en récusant paradoxalement toute théorie préalable, tout a priori et toute philosophie, la P.N.L. affirme alors pouvoir donner « une réponse » aux questions fondamentales de la philosophie. Mais, au lieu de tenter, comme la philosophie, de donner une réponse générale objective, valable pour tout le monde, elle affirme que l’individu peut trouver lui-même cette réponse au fond même de son être. Il serait alors intéressant de tenir une statistique des réponses trouvées pour voir si elles présentent des analogies voire une même identité ou, à tout le moins, si elles dégagent un ou plusieurs dénominateurs communs.

Selon la P.N.L., il existe un « état naturel, indicible et sans mémoire ».

Cet « état » est en amont de toutes les représentations et de toutes les acquisitions, quelles qu’elles soient. Retrouver cet « état », c’est comprendre et accepter entièrement notre vie. La vie fonctionnelle est une expression de cet « état ».

Selon Bandler et Grinder, « nous ne sommes pas séparés du monde qui nous entoure ; notre identité crée l’illusion d’une séparation (ou « d’une cloison ») entre moi et l’autre ». Mais, après l’évolution biologique de notre enfance et de notre adolescence, après notre maturation sociale et professionnelle, nous ne pouvons plus nous dépasser ni parfaire notre évolution existentielle, à cause de l’idée que nous avons de notre identité, à cause de nos croyances et de nos a priori qui s’opposent à la perception pré-sensorielle.

Dernière règle de la P.N.L. : « Nous ne pouvons pas pénétrer dans les mystères de la vie tant que nous croyons (en) quelque chose ou (en) quelqu’un. »
Nous venons de tenter de définir la P.N.L. et, comme on le voit cette définition n’est ni simple, ni unique. La P.N.L. peut difficilement s’enfermer dans une phrase, même de plusieurs lignes. Il suffit pour s’en convaincre de souligner que ses exégètes et ses propagateurs en parlent, en anglais, comme de la « quête existentielle » (the existential quest), en allemand, comme de « la quête du sens » (die Suche nach Sinn) et, en français, comme de « la quête de l’essentiel » !

Toute la philosophie existentielle contemporaine oppose l’existence (le fait que l’être existe) à l’essence (la substance de l’être) et affirme l’existence comme précédant l’essence (Heidegger, Sartre). Elle reprend ainsi sur un autre plan le vieux conflit qui oppose les idéalistes, pour qui il existe un envers du monde, constitué par les essences pures (la structure pure et abstraite des choses : les idées), aux matérialistes, pour qui il n’existe que la matière qui est l’existence et la donnée première et unique, étant entendu — selon eux — que les idées sont dans la matière et qu’elles en sont le produit.
Quant à la quête du sens, quoique liée à la nature de l’essence et de l’existence, c’est encore autre chose. En se préoccupant de la quête du sens — en particulier du sens de l’existence —, la P.N.L. remet sur le tapis la question du sens dans un siècle qui semblait résolu à s’en passer puisqu’il a été dominé par le matérialisme, la philosophie de l’absurde et la science quantique du hasard — le hasard est par définition l’absence de cause et, par conséquent, l’absence de sens, puisque les événements ou effets se produisent sans cause qui les détermine, donc sans projet préalable, conscient ou inconscient. On mesure alors mieux cette difficulté qu’il y a à définir la P.N.L. qui touche donc aussi bien à l’essence qu’à l’existence et au sens.

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Il reste qu’on peut dire que l’objet fondamental de la P.N.L. est de nous permettre de retrouver, à l’âge adulte, la perception pré-sensorielle du nouveau-né, une perception vidée de tout a priori et de tout préjugé, c’est-à-dire, en définitive, de toute la culture sociale qui ne peut, bien évidemment, se bâtir que contre l’individu mais avec son concours.

Selon les exégètes, « la perception présensorielle renvoie à la perception originelle et à tout ce qui en émane à chaque moment.

Ces termes de perception pré-sensorielle représentent ce qui n’est pas représentable : la dimension perceptive non filtrée qui est le lien entre tous les phénomènes — perçus ou non perçus, existants ou inexistants ». Selon eux, nous avions une perception pré-sensorielle du monde quand nous sommes nés et nous avons été contraints de l’oublier pour pouvoir développer notre identité. La P.N.L. propose des méthodes de travail sur soi-même pour retrouver cette dimension oubliée de l’être. Nous aurons l’occasion d’y revenir.